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Meriem Bouderbala

Meriem Bouderbala a été formée à l’École des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence et à l’École d’art de Chelsea à Londres. Elle vit et travaille entre Paris et Tunis. C’est dans sa double origine française et tunisienne et sa double culture qu’elle puise son inspiration créatrice. L’une et l’autre ont suscité les gestes, les repentirs, les décisions qui ont entraîné ses œuvres vers un « devenir minoritaire », comme elle le revendiquait. Concept que Gilles Deleuze a forgé et qui signifie non pas la mise à l’écart, la marginalisation, mais au contraire la force contenue dans le minoritaire ou, pour être plus précis, la puissance latente et souterraine de transformation et d’ébranlement du mouvement volontaire vers un « devenir minoritaire ».
De fait, Meriem Bouderbala, dont la sensibilité est marquée par ce tissage de liens culturels et affectifs avec la Méditerranée, a choisi d’œuvrer dans l’entre-deux et de porter un regard lucide et critique sur ces deux rives que l’histoire a tour à tour rapprochées et éloignées.
Elle appartient à cette minorité agissante d’artistes originaires du Maghreb qui contribuent à élaborer la culture en devenir tout en jouant une sorte d’interface avec l’autre rive de la Méditerranée puisqu’ils participent, par leurs œuvres et par leur présence sur les lignes frontalières, à l’évolution de la pensée et à la mutation des mentalités.
Cet entrecroisement spatial et temporel et ces interactions culturelles autorisent une mise en abime passionnante de l’expérience artistique de Meriem Bouderbala, qui tente de fusionner les sensibilités orientale et occidentale autour de la représentation du corps et de retrouver ainsi « ce point où la figure humaine est à la fois de chair et de signes ».
Dans son œuvre, qui se caractérise par l’équilibre créatif entre la performance et l’image fixe ou animée, peintures, photos, vidéos, installations, céramiques.
Et aussi commissaire de nombreuses expositions qu’elle initie en Tunisie
Elle est la première à investir la Médina de Tunis pour une plus grande proximité avec ceux qui ne vont jamais voir l’Art « avec les rencontres d’art contemporain en 2003 qui augureront Dream City.
Puis suivra cette réflexion en spéculum sur l’orientalisme et sur l’impact des jeunes générations d’artistes du monde arabe : Images révélées.
L’exposition de la Abdéllia fut le commissariat le plus emblématique et le plus politisé, car son but en était une Art Fair virtuelle pour s’exprimer malgré la censure gouvernementale. Ce fut un échec et une réussite qui mirent dos à dos deux mondes dans un déferlement de violence qui alla jusqu’à provoquer un couvre-feu.
Ses expositions sont toujours des catalyseurs de questions jamais posées directement.
Son dernier commissariat.
Meriem Bouderbala a fait sienne l’exploration de cette « grande raison » et tente de retrouver cette liberté où la représentation de son individualité lui permet d’évoquer l’intimité du corps tout en transgressant les normes esthétiques et les divers conformismes.
Elle déclare alors : « Je fais de mon corps, de son exhibition photographique altérée, bouleversée, une scène, un praticable éphémère pour une tragédie sans origine et qui n’a pas de fin. »

[•]Née en 1960 à Tunis, Tunisie[•]Vit et travaille à TunisFB@meriem.bouderbala.3IG@bouderbalameriemShare

Œuvre présentée

BOZA ET ORDALIE – 2023
Installation composée de 6 éléments incluant peinture, dessin, tissage, céramique, photographie et broderie.
Dimensions variables.
Collaboration :
Tressage : Monjia Mouldi
Broderie : Atelier Tili Tanit, Mahdia (direction artistique et technique Nejib Bel Hadj avec Zahra Bel Hadj, Rachida Sfaxi, Fatma Soula, Ahlem Allaya, Wahida Ben Ottman, Lamia Haboubbi, Amina Salah, Salwa Jaafar)

L’œuvre de l’artiste s’inscrit dans une optique pluridisciplinaire combinant, selon le cas, plusieurs techniques, matériaux et médiums : dessin, peinture sur divers supports, collage, gravure, céramique, photographie, vidéo, installation… La question de la matérialité de l’œuvre est primordiale à son travail ;  l’artiste n’hésite pas à combiner, tester, expérimenter les limites propres aux matériaux. Ses œuvres explorent différentes thématiques d’ordre autobiographique, culturel et social : problèmes interculturels, discours sur le corps féminin, violence portée sur les corps de femmes…

Boza et Ordalie puise ses substances dans les techniques de broderie et de vannerie, des éléments de biographie de l’artiste et dans plusieurs récits mythologiques et légendes liés à l’exil forcé ou consenti. Par son ambiance maritime, son dispositif, le choix des matériaux et des images, leur traitement et leur ordonnancement sur la surface de sept nattes mortuaires de forme ovale, l’installation évoque une traversée migratoire par la mort suspendue. À travers fils, divers tissus et médiums, Boza et Ordalie fait le pont entre figure mythologique, images du corps de l’artiste, figures de migrants d’époques révolues ou des temps présents. La forme de la natte mortuaire, réceptacle des corps des défunts, ici toujours mutants, rejoint celle des embarcations précaires. Porteurs de leur propre histoire et celle de leur communauté, détenteurs de culture et de savoir-faire, les migrants d’hier et d’aujourd’hui semblent partager des histoires et des fins communes : douleur, souffrance, disparition, mais aussi espoir et désir de renaissance… Au péril et au désir de leur vie.

Boza est un terme utilisé par les migrants en langue Bambara signifiant « laisser moi passer et aussi « victoire ». Odyssée d’hier et d’aujourd’hui.